Asylum | Emilie AUTUMN

Violoniste à l’aube d’une belle carrière, Emilie souffre de troubles bipolaires. Après une tentative de suicide, elle est hospitalisée, puis internée dans un service psychiatrique. En dépit de ses protestations, la voici traitée comme une criminelle, gavée de médicaments, privée des libertés les plus élémentaires, coupée du monde. Et de surcroît, en butte au harcèlement du sinistre docteur Sharp. Pour ne pas basculer dans la folie, elle entreprend de consigner le quotidien de sa détention. Et découvre dans son petit carnet noir le message de détresse d’une jeune femme séquestrée dans un asile de fous de l’Angleterre victorienne. Une Emily qui lui ressemble en tous points. Une porte sur un autre monde s’est ouverte, un monde étrange où fleurissent les idylles entre détenues, où les spectres bruissent sous le papier peint, où des rats de haute éducation s’expriment dans une langue des plus châtiée. Réalité, ou divagations ?

Voici une lecture sombre dans un genre semi-autobiographique dont je n’ai pas l’habitude. Je vous spoile de suite : c’est une expérience sombre et pas facile, qui m’a bien plu, mais que je ne recommencerai pas tous les jours, surtout enceinte et avec les nerfs à fleur de peau !!!

Pour résumer, le livre suit l’internement de deux personnes : Emilie et Emily. La première, souffrant de bipolarité, est internée suite à une TS, de nos jours. Au cours de son séjour, qu’elle n’accepte pas, qu’elle ne comprend pas, elle va trouver dans son journal des lettres venues d’un autre temps, d’une certaine Emily, elle aussi internée 200 ans plus tôt. Quelle part à l’imaginaire ? Quelle part aux hallucinations ? Quelle part de vérité dans cette histoire censée être semi-autobiographique, Emilie Autumn s’étant inspirée de son histoire pour écrire son livre ? Ceci est la grande question qui subsiste une fois la dernière page tournée.

Pendant ma lecture, j’avoue avoir été moi-même perdue, un peu comme les héroïnes. Subissant le livre (mais de manière positive). Il est impossible de savoir depuis combien de temps Emilie est internée. Quelques jours ? Plusieurs mois ? C’est hyper perturbant, sachant que les lettres d’Emily, elles, s’étalent sur plusieurs années. D’autant que certains chapitres sont très courts, et d’autres bien plus longs. C’est déroutant, et ça fonctionne. La maladie mentale est exploitée dans sa globalité.

C’était une lecture difficile dans le sens où certaines scènes sont affreuses. Affreusement réelles et j’imagine qu’étant donné les horreurs dont certains êtres humains sont capables, ont surement existé dans une certaine mesure. Exploitation des femmes, viols, torture, essais médicaux des plus douteux… L’autrice ne nous épargne rien, sans tomber dans de la description aux multiples détails sordides. Les mots sont crus, mais elle aborde ces scènes simplement et ne s’attarde pas pendant des pages et des pages. Inutiles, une phrase ou deux suffisent à choquer, à mettre en colère.

En plus, l’absence de réel happy ending joue énormément. L’alternance d’espoir et de désespoir, de folie ou de lucidité rendent le livre très intéressant, très happant. Je ne lui met « que » 14 parce qu’il m’aura mise mal à l’aise. C’est une première approche de la maladie mentale, un peu trop trash et sordide, mais qui fait réfléchir. Le style d’écriture est qualitatif et abordable, mais j’aurais aimé davantage d’Emilie, car j’ai l’impression que la véritable héroïne est Emily. Mais finalement, seraient-elles pas une seule et même personne ?

Ma note : 14/20

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