Assez de bleu dans le ciel | Maggie O’FARRELL

Une maison au bout d’une piste, à des kilomètres de tout. Autour, rien que l’herbe verte, les trembles aux feuilles chargées de pluie et le ciel changeant du Donegal. Daniel Sullivan est linguiste, il s’en va donner un cours à l’université avant de prendre l’avion pour les États-Unis, son pays d’origine, pour se rendre à l’anniversaire de son père qu’il n’a pas vu depuis des années.
À ses côtés, dans la voiture qui le conduit à l’aéroport, sa femme Claudette et leurs deux enfants. C’est là, dans cette voiture, que Daniel apprend à la radio le décès de Nicola, son premier amour. Une cascade de souvenirs se déversent et une question : se pourrait-il qu’il soit responsable de sa mort ?
Le doute le ronge, implacable. Et une envie, deux en fait : découvrir la vérité sur Nicola ; revoir sa famille, son autre famille, ses deux grands enfants qu’il a abandonnés soudainement aux États-Unis dix ans plus tôt.
Mais comment dire tout cela à Claudette, cette ex-star de cinéma fantasque, passionnée, qui a choisi d’organiser sa propre disparition pour échapper au monde ? Comment lui révéler l’homme qu’il est véritablement ? Et que peut-il encore promettre, lui qui n’a jamais su que fuir ?

Si comme le veut le proverbe, assez de bleu dans le ciel promet une belle journée, alors chacun peut voyager sans crainte. Il y aura toujours l’amour pour les ramener à bon port…

Encore un roman qui patientait tranquillement dans ma Pile à Lire depuis un bon bout de temps ! Cette histoire, celle de Daniel, se déroule de sa naissance à aujourd’hui. L’histoire de toute une vie. Le résumé est assez étoffé pour que je n’y revienne pas.

La première chose que j’ai retenue de ce livre, c’est la narration à laquelle j’ai eu un peu de mal à adhérer. Je n’ai pas été perdue, mais plutôt contrariée par les changements perpétuels de narrateurs et d’époque.

Deuxièmement, même à la fin du livre, je ne sais toujours pas qui est Daniel. Je ne comprends pas le choix duquel découle toute l’histoire, à savoir vouloir savoir ce qui est arrivé à Nicola, son amour de jeunesse. Enfin, si je le comprends. Mais pourquoi après vingt ans ? Pourquoi ne pas mettre son épouse au courant ? Pourquoi laisser toute sa famille derrière lui, et tout détruire pour… rien ? Bien entendu, j’ai compris sa culpabilité, ses choix, ses regrets, mais je trouve tout de même illogique le fait de fuir sa famille actuelle sans même savoir si oui ou non il a une part de responsabilités dans la mort de son premier amour. De même que je n’ai pas compris pourquoi il n’a pas dit à sa femme qu’il ressentait le besoin de voir ses enfants, issus de son premier mariage. C’est naturel, c’est son choix, et Claudette semble assez intelligente dans le livre pour le comprendre.

Le livre ouvre tout de même le champ des possibles à plein de questions : peut-on fuir son passé ? quel est l’impact de nos choix sur notre avenir ? comment vivre avec des regrets ? comment vivre heureux malgré ses erreurs ? comment réparer ses erreurs si les autres ne sont pas d’accord ?

De plus, si l’autrice donne parfois la voix à des personnages inintéressants, j’ai trouvé très intelligent de laisser les enfants prendre la parole, car quand tout part à vau-l’eau dans un couple, les enfants sont souvent en première ligne, se prenant tout de plein fouet, étant laissés à l’écart, n’ayant pas d’autres explications que celles que les adultes veulent bien leur donner mais devinant beaucoup, beaucoup de non-dits.

Bref, Assez de bleu dans le ciel est un roman intéressant car il aborde la complexité des relations humaines et de la structure familiale à travers un personnage qui se voit du jour au lendemain confronté à son passé. Cependant la construction narrative désordonnée fait perdre au message de l’autrice beaucoup de clarté, ce qui est dommage…

Ma note : 13/20

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