Wyld, T1 : La mort ou la gloire | Nicholas EAMES

Clay Cooper et ses hommes étaient jadis les meilleurs des meilleurs, la bande de mercenaires la plus crainte et la plus renommée de ce côté-ci des Terres du Wyld – de véritables stars adulées de leurs fans. Pourtant leurs jours de gloire sont loin. Les redoutables guerriers se sont perdus de vue. Ils ont vieilli, se sont épaissis et ont abusé de la bouteille – pas forcément dans cet ordre, d’ailleurs.

Mais un jour, un ancien compagnon se présente à la porte de Clay et le supplie de l’aider à sauver sa fille, prisonnière d’une cité assiégée par une horde de monstres sanguinaires. Même si cela revient à se lancer dans une mission que seuls les plus braves et les plus inconscients seraient capables d’accepter.

Le temps est venu de reformer le groupe… et de repartir en tournée.

Alors là, les enfants, vous n’êtes pas prêts. La claque de ce livre ! Je ne sais pas quel adjectif conviendrait le plus à ce brut concentré de fantaisie comme on les aime dans les JDR (bon ok, de light fantaisie, pour les puristes)… Savoureux ? Succulent peut-être ? Exultant, très certainement, et j’irais même jusqu’à dire jouissif, au sens figuré du terme bien sur ! Cette lecture, que d’ailleurs j’ai fait en commun avec mon chéri, est pour nous un énorme coup de cœur, et ça, ça fait beaucoup de bien au moral, à l’humour et à l’imagination !

Pour faire simple, le lecteur suit une ancienne roquebande, ancienne bande de mercenaires aux allures d’anciennes rock star, ce qu’ils étaient véritablement à l’époque… Même amour de la célébrité, de la boisson, des femmes, mais au lieu de manier batterie, guitare et ampli, on est plutôt sur de l’épée, du cimeterre et du bouclier. Sous l’égide d’un manager, les roquebandes sont envoyées en tournées pour battre des monstres. Ils ont même droit à leur propre festival, la Route du Roque. Enfin, comme tout, « c’était mieux avant ». Avant, comme quand la célébrissime roquebande Saga était au sommet de sa gloire. Sauf que Clay Cooper dit Main Lente, Gab anciennement le Magnifique, Moog le magicien, Matrick roi d’Agria et Ganelon ne sont plus de la première jeunesse… ce qui donnera des situations absolument divines au fil de l’histoire. Mais revenons au début : Gabe, ancien leader de Saga, vient demander de l’aide à Clay. Sa fille Rose est piégée à l’intérieur de la ville de Castia, assiégée par la horde du Coeur du Wyld (véritable armée de chimères, gobelins, dragons, araignées géantes, chimères en tous genres, dives, gorgones, géants… guidés par un druine aux oreilles de lapin, un vrai vicelard qu’on adore détester !).

Évidemment, Clay refuse avant de se prendre une taloche de la part de sa femme et de sa fille, et d’accepter d’aider son ancien ami.

Première étape : réunir Saga… et c’est pas gagné ! Il faut dénicher le vieux fou de Moog, qui m’a éclatée avec sa potion phallique, ses sorts foireux, ses artéfacts plus déconnants les uns que les autres et son air de père Noël… Tout pour cacher les blessures qui affectent son corps et son âme. Puis retrouver Matrick : plus « facile » puisque l’ancien voleur s’est bien enrobé sur son trône, harassé par une femme digne d’une harpie et d’une ribambelles de rejetons qui ne lui ressemblent pas. Et enfin, il faut trouver Ganelon… le barbare du groupe, introverti, peu volubile et impressionnant à souhait. Entre temps, comme si ça ne suffisait pas, il faut que Gabe retrouve Velichor, l’épée mythique, qu’il a tout simplement… vendu plusieurs années auparavant. Si je pouvais mettre l’émoji qui se tape le front avec la main, croyez-moi bien que je le ferais !!! L’histoire de Velichor introduit également le méchant de l’histoire, un druine (oui, un druine, et non pas un druide !).

Deuxième étape : et ben… traverser le fameux Wyld qui sépare Grandual de Castia. Et ça, c’est pas une partie de plaisir… Comme cité plus haut, le Wyld est le royaume de la horde du Coeur du Wyld. Forêt sombre, pleine de menace et dont la traversée dure plusieurs semaines, elle est encore plus dangereuse depuis plusieurs années où elle l’incubateur d’une maladie, la nécrose, à laquelle aucun remède n’est connu et qui emporte un homme aussi surement qu’un dragon crache du feu.

Troisième étape : sauver Rose. A cinq. Face à une armée de milliers d’individus cauchemardesques. Autant dire que même quand on s’appelle Saga, c’est pas gagné d’avance…

La structure du livre est d’une fluidité sans nom. Bien inspirée du jeu de rôle, elle est millimétrée, calée comme sur du papier à musique, et donne à l’histoire l’impression d’avancer. Un chapitre = une scène, c’est archi simple et superbement mené ! Et pourtant, le lecteur n’a pas l’impression de suivre une trame prédéfinie… J’ai plutôt eu la sensation, très rigolote d’ailleurs, que l’auteur jouait avec ses personnages, qui s’en sortent plus souvent grâce à la chance qu’à leurs skills ! Genre vraiment, comme s’il avait écrit avec un dé de 100 à côté de lui ! Arrivé devant une action, hop… 99, échec critique… ce qui donne d’excellentes répliques et des actions auxquelles on ne s’attend pas du tout. Lancer un sort censé transformer une épée en serpent en pleine forêt, se tromper et transformer toutes les brindilles alentours en serpents venimeux… Être un grand guerrier et se faire voler sac, nourriture et chaussettes par une roquebande de jeunes voleuses… ! Mille péripéties arrivent naturellement, coulent sans noyer le lecteur dans mille détails insignifiants, et chose hyper agréable, on ne perd pas en substance avec des personnages ou des créatures qu’on oublie au bout de deux lignes. Je me suis laissée transportée par ma lecture, et j’ai vécu avec les membres de Saga leurs aventures, leurs histoire, leurs émotions.

Car si l’action est présente tout au long du livre, elle n’est pas là au détriment de la qualité de l’histoire… et l’auteur accorde beaucoup d’importance aux moments plus doux, plus émotionnels. Les personnages sont profonds malgré leurs traits parfois caricaturaux. Ils ont leurs doutes, leurs émotions, leurs faiblesses, et ce sont ces failles qui font que l’on s’attache à eux, plus que leur vieux côté héroïque. Une des forces de ce livre, c’est d’utiliser les archétypes du JDR mais à sa sauce : l’auteur y insuffle une telle dose d’originalité qu’on a l’impression de découvrir une nouvelle facette de l’heroic fantasy. Nicholas Eames reprend les classes principales (voleur, guerrier, sorcier…), donne à son œuvre un bestiaire faramineux, mais le tout avec sa touche originale qui fait que ce livre me reste en tête. D’ailleurs, détail important, j’ai trouvé que la lecture à voix haute donne un sens supplémentaire à l’œuvre (et oui, quand on lit, le role play est super important : chaque personnage a sa voix et son caractère qui transparait derrière ses tirades). En vérité, ce livre m’a fait rire aux éclats, m’a fait trembler pour les personnages, m’a tiré de chaudes larmes à plusieurs reprises. A la fin, j’ai eu l’impression de dire au revoir à des amis chers à mon cœur, et je n’ai pas pu me retenir de pleurer (oui, encore !).

En bref, j’ai adoré cette plongée dans le Wyld !!! Je retiens particulièrement quatre points :

  • J’ai trouvé l’histoire particulièrement équilibrée entre les scènes d’action et les scènes plus calmes, plus réflectives,
  • L’humour est omniprésent, parfaitement dosé, et toujours efficace (d’ailleurs, je tiens à souligner la qualité de la traduction, qui rend justice aux caractères des personnages, ainsi qu’à leur manière de parler et de penser !),
  • L’univers complexe et simple à la fois, original et qui me parle, moi qui écoute beaucoup de rock et de métal,
  • Les personnages… Finalement, celui que j’ai le moins aimé est Gabriel ; par contre j’ai un coup de cœur particulier pour Moog, et également pour Kit !!! Gagagagagaga (les Lennoniens se reconnaitront). Et pour Grégor et son frère…

Tome 2, nous voilà…

Est-il bien utile de lui donner ce merveilleux

20/20

?

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